De l'hippopotame en tube

(Écrit par Damien Jayat)

Oh! le charme des rassemblements de vacanciers sur le littoral... Regardez-moi cet entassement humain sur le sable, dégoulinant de crème solaire, un vrai tropeaux de veaux de mer ! À bien observer une plage bondée d'Homoo Sapiens vautrés sur leurs serviettes-éponges, il est vrai que la comparaison avec une horde de mammifères aquatiques est tentante. La ressemblance pourrait encore s'accentuer si des chercheurs finalisaient leur projet de protection solaire à base de sueur d'hippopotame.

Ces animaux sécrètent en effet un liquide huileux à l'action 4 en 1: écran solaire, absorbeur d'ultraviolets, antiseptique et antiparasite. Les biochimistes ont même identifié deux de ses agents actifs, des pigments judicieusement baptisés acides hipposudorique et norhipposudorique. Révolution cosmétique? Pas si simple, car la sécrétion d'hippopotame a une structure particulière en microgouttelettes dont la moitié est organisée en couches concentriques (comme un oignon) et absorbe bien les UV, tandis que l'autre moitié reste sans structure précise mais facilite l'étalement du liquide sur la peau. Une diversité de fonctions qui rend ce produit miracle difficile à reconstituer en labo. On attend donc toujours la sortie d'une crème solaire à la sueur d'hippopotame. D'ici là, pas question de s'enduire le corps du liquide naturel, prélevé sur la peau de la bête : il a une teinte rouge qui serait du plus mauvais goût sur une plage. Et je ne vous parle de l'odeur...