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lunes, junio 9

Paris: Culture et design en sous-sol



(Un texte de Thierry Hilleriteau lu au FIGAROSCOPE du 12 avril 2006)

L'identité du métro ne se limite pas aux petits carreaux en faïence de Gien ou aux entrées Guimard. En témoigne la station Champs-Elysées-Clémenceau, tout juste rénovée, devenue la véritable antichambre du Palais de la découverte.

Quel artiste se cache derrière le Nautilus d 'Arts et Métiers ? Pourquoi les silhouettes d'Assemblée nationale changent-elles tous les trois mois ? Sur quelle ligne peut-on voir des expositions d'art contemporain ? Et surtout, pourquoi certaines stations ont-elles été entièrement redécorées et pas les autres ? Autant de questions qui se posent quotidiennement au voyageur. Pour beaucoup, ces « habillages culturels » ne sont qu'un épiphénomène. Pourtant, la politique culturelle de la RATP n'est pas une idée neuve.

DE L'ART NOUVEAU AU DESIGN. « Dès le départ, le métro of ait du design un véritable enjeu culturel », apprend-on à l'unité design et projets culturels de la RATP. Et cela, bien avant que l'entreprise ne voit le jour. Guimard, c'était déjà une forme de design. Et le sigle de l'ancien réseau Nord-Sud, avec ses initiales entremêlées, c'était aussi du design. Mais c'est en 1957, à Franklin-D. Roosevelt, que naît la première station « habillée », ou station-musée. À l'époque, l'objectif est avant tout publicitaire : de grandes marques cherchent à associer leur image à des œuvres d'art. Dans les années 60, le Louvre devient le premier partenaire institutionnel de la RATP, avec le rhabillage de Louvre-Rivoli. Et dans les années 80-90, on voit naître les projets les plus fous, à l'initiative d'autres institutions – Arts-et-Métiers et Assemblée nationale - ou sur la demande de simples artistes - Françoise Schein à Concorde. Il faudra attendre 1998 pour que la RATP se dote d'une politique culturelle institutionnelle. «L'arrivée de Météor a été l'occasion de mener une véritable réflexion sur la culture dans le métro, confie Jean-Michel Leblanc, responsable des études de projets à la RATP. Avant, on travaillait en réaction à des demandes. Nous avions besoin de pérenniser nos rapports avec les partenaires anciens et d'en trouver de nouveaux, pour donner caution à nos projets futurs. »

PRÈS DE 200 PROPOSITIONS PAR AN. C'est ainsi que naîtra l'unité design et projets culturels, en charge d'étudier les différents dossiers de partenariat avec artistes et institutions. Si certains « habillages » sont entièrement financés par la RATP, à l'image des stations du centenaire où l'entreprise est allée chercher les concepteurs elle-même, beaucoup sont l'aboutissement de propositions. « Nous recevons entre 10 et 20 propositions par mois. Cela va de la simple offre de collaboration au projet finalisé. » Les projets retenus sont ensuite adaptés pour correspondre avec la rénovation d'une station. La RATP prendra généralement en charge la partie technique - le càblage, par exemple - et le partenaire financera l'« installation artistique ». Car à la RATP, on préfère ne pas parler d'exposition, qu'elle soit permanente ou temporaire. « Il faut que l'œuvre valorise l'espace - la station - et que l'espace valorise l'œuvre. Et surtout que tout cela ait un sens pour le voyageur. D'ailleurs, nous ne sommes pas pour une thématisation de toutes les stations : 10 % nous semble un bon chiffre. Il ne faut pas que la culture dans le métro rentre en conflit avec la culture du métro. »

À découvrir :
Des premières reproductions de tableaux aux neuf stations du centenaire, le métro s'est doté en cinquante ans de décors inattendus. Exit métro-boulot-dodo : offrez-vous une balade « culturelle » dans les entrailles de la capitale, au fil des stations qui marquèrent les grandes étapes de cet étonnant mariage entre les transports et la culture.

Arts-et-Métiers
Depuis 1994, les voyageurs de la station Arts-et-Métiers sont plongés au cœur d'un énorme sous-marin cuivré, conçu par François Schuiten et Benoît Peeters pour les 200 ans du Conservatoire national des arts et métiers.

Bienvenue au Louvre (-Rivoli)
C'est à André Malraux que la station doit sa transformation en 1968 par l'architecte Robert Venter - qui signa quelques années plus tard l'aménagement de la station Varenne pour le musée Rodin. En l'absence de la Pyramide du Louvre, on accédait en effet au musée par cette unique station à l'arrière de la cour carrée : l’une des plus anciennes du réseau, qui portait à l'époque la simple appellation « Louvre ». Pour faire écho aux salles du musée, Venter fait plaquer les murs de la station avec de la pierre de bourgogne et y aménage des niches devant accueillir des reproductions du fonds ancien - Égypte. Antiquité grecque et romaine, Moyen Age.

La mémoire du métro à Tuileries
Sur la vaste fresque conçue par l'agence Participe Présent et qui recouvre les murs de 420 illustrations, la petite histoire du métro parisien rejoint la grande histoire du siècle dernier. Au milieu des tulipes Guimard, de la carte orange ou de l'emblématique Sprague-Thomson se côtoient des figures hétéroclites mais non moins célèbres : Casimir, Nelson Mandela, Brigitte Bardot, Charlot. Tout ici semble rappeler que le métro fait bel et bien partie de la culture du XXe siècle, jusqu'aux éclairages spécialement conçus pour donner un maximum de clarté. Le renouvellement d'une partie de la fresque, concernant la décennie 2000, est prévu pour dans trois mois.

La Déclaration des droits de l'homme à Concorde
« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. » Sur les murs de la station Concorde, ligne 12, le texte complet de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 s'étale à la vue de tous. 44 000 carreaux vitrifiés et sérigraphiés de couleur blanche écrits bleus métro. Réalisée en 1990 par l'artiste Françoise Schein et l'architecte Claude Tautel, cette œuvre célèbre les 200 ans de l'illustre manifeste. Petite originalité : la ponctuation a été rejetée en bas de chaque section.

Un coin de ciel bleu à Luxembourg
Unique station du centenaire aux décors entièrement« éphémères » - à l'exception de Saint-Germain-des-Prés dont les projections varient tous les trois mois -, Luxembourg […]

Franklin D. Roosevelt: la première station-musée
Souvent considérée comme la première « station culturelle » à cause de ses 18 reproductions de tableaux en gemmail, Franklin est avant tout la première station carrossée, c'est-à-dire à accueillir un habillage design au milieu des années 50. Il s'agit à l'époque d'un simple revêtement de tôle peinte permettant d'aménager des panneaux publicitaires en gemmail dont chacun est associé à une œuvre particulière. La nouvelle station Franklin D. Roosevelt est inaugurée en mars 1957. L'introduction dans le métro de cette technique artistique nouvelle - collage de morceaux de verre colorés - donnera à la station son qualificatif de « première station-musée ». Le Figaro parlera même de « la plus belle station du monde ».

Une serre tropicale à gare de Lyon
C'est l'un des décors les plus impressionnants du réseau. À 12 mètres sous terre, le chef de projet François Saglier a eu l'idée de ce jardin tropical enserré dans un bloc de béton de 9 mètres de haut. 548 m2 où s'épanouissent comme par miracle 950 espèces végétales, de la simple fougère au rare Archontophoenix alexandrae. Mais ce n'est pas là le seul aménagement culturel digne de détour sur la ligne 14. La RATP a déployé tout le long de la ligne une dizaine de vitrines, fenêtres avec vue sur la création contemporaine remplacées tous les trimestres, et animées par des écoles de création ou des artistes ayant œuvré dans le métro.

Villejuif-Léo Lagrange, la sportive
Cette fresque « athlétique », imaginée par l'agence d'architecture Mario Cucinella, est l'exemple le plus original des stations du centenaire, redécorées en 2000 pour les cent ans du métro parisien. L'architecte, formé aux côtés de Renzo Piano, partage avec ce dernier le goût du high-tech. Son design figure donc parmi les plus innovants du réseau, notamment en termes d'éclairage. Mais c'est surtout dans la thématique sportive que réside l'originalité du lieu. Cucinella n'a pas hésité à tirer parti des dimensions du quai et des voûtes en anse de panier pour y déployer des échelles graduées, où figurent les records de sauts et les distances de différentes courses.

Un monument de papier pour Assemblée nationale
Peintre et dessinateur spécialisé dans les ombres ou les silhouettes, Jean-Charles Blais a signé en 1990 la décoration de la station Assemblée nationale. Cette œuvre vivante sous forme de campagne publicitaire devait durer dix ans. Elle a été reconduite en 2004, pour dix années supplémentaires.

Sans oublier
- Le Palais de la découverte à Champs-Elysées-Clémenceau (ligne 1)
- L'histoire de la place de Grève à Hôtel de Ville (ligne 1)
- La fresque révolutionnaire à Bastille (ligne 1)
- Nos voisins d'Europe (ligne 3)
- La « patate » de Parmentier (ligne 3)
- Les Lettres à Saint-Germain-des-Prés (ligne 4)
- Les couleurs de La Fayette à Cadet (ligne 7)
- Les valeurs montantes de Pont Neuf (ligne 7)
- Une Bonne Nouvelle (ligne 8) cinématographique
- L'Amérique à Chaussée d' Antin-La Fayette (ligne 9)
- La voûte signée de Cluny-La Sorbonne (ligne 10)
- La santé de Pasteur (ligne 12)
- La musique à Carrefour Pleyel (ligne 13)
- Les paysages liégeois à Liège (ligne 13)
- Les statues de Rodin à Varenne (ligne 13)