Les petits secrets des toilettes
(Un texte de Nicolas François lu en Avril 2012 je-ne-sais-pas-où)
Nous les fréquentons en moyenne 1856 fois par an. Présents dans 99,5 % des
logements français, les W. -co n'échappent pas au marché du design et du
high-tech.
Des contrôles
ultraréglementés
Si rien ne reste, une fois la chasse tirée c'est que le W.-C. est conforme
aux normes européennes. La Société française de céramique (SFC) vérifie
régulièrement les performances des nouvelles cuvettes avant leur mise sur le
marché. Parmi les nombreux tests, celui de l'évacuation des selles, au moyen de
corps d'épreuve. Ce sont des boudins de 12 cm de long et 2,5 cm de diamètre, constitués
d'un boyau en plastique rempli d'eau et recouvert de gaze. Pour passer le test,
les quatre corps d'épreuve placés dans la cuvette doivent être évacués par la
chasse et suivis d'un flux d'eau d'au moins 2,5 litres. L'opération doit être réussie
huit fois sur dix essais sinon le produit repart en usine pour une remise aux normes.
L'évacuation du papier, le rinçage du bol, le renouvellement de l'eau du siphon
ou la résistance à l'abrasion font aussi l'objet de tests. Chaque année, une vingtaine
de modèles sont contrôlés dans les locaux de la SFC. Les cas de refus pour non-conformité
sont rares.
Un véritable trône de roi
Se soulager du bout des doigts, c'est possible avec le Numi, un W.-C. high-tech
du fabricant américain Kohler. La télécommande tactile dirige toutes les fonctions:
ouverture, fermeture, chauffage des pieds et de l'abattant, nettoyage intime par
jet d'eau à température, fréquence et oscillation réglable, désodorisant ou encore
radio/MP3 intégrée à la cuvette. Un luxe à près de 5 000 €, soit 100 fois plus cher
qu'un W.-C. premier prix. Moins cher: un abattant numérique à fixer sur la cuvette.
La pub W.-C.
En moyenne, les hommes passent 54 secondes aux toilettes, les femmes 1,43 min.
Un temps dont profite l'entreprise Next One (CA 2011 : 1,95 million d'euros) pour
s'adresser aux consommateurs. Spécialiste de la pub au petit coin, elle possède
plus de 15 000 panneaux dans les sanitaires des bars, stades, etc. Chacun cible
une population précise, selon le sexe puis le type de lieu ou d'événement. Mais
la société se défend d'être intrusive : «Ce genre de campagne est apprécié par les
consommateurs car nous établissons une complicité avec eux », assure Next One.
La recette : des messages drôles et impertinents.
Encore un luxe
40% de la population mondiale n'a pas accès à des toilettes de base, soit plus
de 2,5 milliards d'habitants. Certaines voix s'élèvent pour dénoncer cette
situation qui pose des problèmes d'hygiène et de dignité. En Inde, le Pr
Bindeshwar Pathak a créé un modèle peu consommateur d'eau, accessible à partir de
15 €. Dix millions d'Indiens en profitent chaque jour.
Trois outils pour déboucher
ses W.-C.
LE PRODUIT BIO. Pas de soude ni d'acide pour ce déboucher de canalisations
labellisé « Haute qualité environnementale ». Parfait pour ne pas se salir les mains,
mais cela prend toute une nuit pour agir.
LA VENTOUSE. Le grand classique, idéal lorsque les W.-C ne sont pas trop obstrués.
Fonctionne aussi avec une bouteille en plastique dont on découpe le fond.
LE CINTRE EN FIL DE FER. En le tordant, on obtient un long fil de fer rigide
à insérer dans le siphon. Un mouvement de va-et-vient permet de détériorer le bouchon.
La victoire des hygiénistes du
XIXe siècle
L'histoire des commodités n'a rien de linéaire. Des fouilles sur la
civilisation harappéenne, dans la vallée de l'Indus, ont mis au jour des
toilettes avec système de distribution d'eau qui datent de 4 500 ans. Près de 2
000 ans plus tard, les recommandations de l'Ancien Testament sont bien plus
rudimentaires : «Tu auras un lieu hors du camp, et c'est là que tu iras. [...] Quand
tu iras t'accroupir à l'écart, tu creuseras le sol et, en partant, tu recouvriras
tes excréments.» Chez les Romains, on se soulage en groupe, sur des bancs de
pierre à ciel ouvert munis de trous, comme à Philippi, en Macédoine antique.
Pour se nettoyer, un filet d'eau passe au pied des utilisateurs. Dans l'Europe
du Moyen Age, uriner et déféquer en pleine rue est courant. Sinon, on utilise
le pot de chambre, dont on évacue le contenu par la fenêtre. «Gare dessous! », crie-t-on
aux passants. Les usages évoluent grâce aux progrès techniques et à l'influence
des hygiénistes du XIXe siècle. À Londres, où la Tamise sert de fosse géante à
excréments, la puanteur et le choléra font des ravages. L’lngénieur anglais J. Bazalgette
révolutionne les habitudes des Londoniens en installant le tout-à-l'égout dans
les années 1860, bientôt copié dans toute l'Europe. Au cours du XXe siècle, les
W.-C. s'imposent dans les foyers.
De la porcelaine… et un bon
bol d'eau
L'a porcelaine présente tous les avantages. Lisse, elle ne retient pas les
bactéries et un simple passage d'eau suffit à l'en débarrasser. Solide, elle
supporte plus ieurs centaines de kilos. Très peu poreuse, elle absorbe moins de
0,5 % d'eau. Durable, un entretien léger la protège du calcaire. Elle possède
donc le quasimonopole des cuvettes. Côté forme, le bol, inspiré du pot de chambre,
est une valeur sûre car l'eau peut circuler facilement sur toute sa surface. « On
n'a rien trouvé de mieux pour répondre aux deux exigences principales, l'évacuation
des matières et le rinçage », explique Alain Couty, responsable technique marketing
chez Allia. Dans la partie inférieure de la cuvette, le siphon est un élément
stratégique. Les excréments transitent dans ce tube en forme de « S» couché qui
contient de l'eau en permanence afin de protéger des remontées d'odeurs. Lors
de l'évacuation, la pression de l'eau venue du réservoir pousse le liquide. En
fin de chasse, de l'air pénètre dans le siphon, stoppant le flux, ce qui maintient
une quantité d'eau suffisante à l'intérieur.
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